
Françafrique: la fin des haricots?
18 février 2022La récente offensive diplomatique d’Emmanuel Macron vers la Russie dans le cadre du dossier ukrainien ne doit pas laisser indifférents les panafricanistes. Les Etats n’ont pas d’amis. Et aux grés des intérêts, les positionnements des puissances peuvent changer.
La Françafrique semble complètement déboussolée. La France sanctionne un coup d’état le matin et en complimente un autre le soir. Sans oublier ses responsabilités dans les presque 200 coups d’états dont un grand nombre de chef d’états assassinés ! L’élève africain serait-il devenu plus fort que le maître français ?
Dans l’offensive diplomatique qui vient donc d’être engagée, nous devons prendre en compte la géostratégie mondiale. Les avancées de l’OTAN et de l’Union européenne dans la zone d’influence russe restent autant de monnaies d’échange dans le partage du monde.
« Si tu me laisses la Tchétchénie,
Moi je te laisse l’Arménie
Si tu me laisses l’Afghanistan
Moi je te laisse le Pakistan
Si tu ne quittes pas Haïti,
Moi je t’embarque pour Bangui
Si tu m’aides à bombarder l’Irak,
Moi je t’arrange le Kurdistan »
chantait Tiken Jah Fakoly.
La françafrique refuse de mourir
Dans le pré-carré africain, Paris n’est plus seul. De nouveaux acteurs ont prospéré sur les cendres des erreurs françaises faites de mépris, d’arrogance, de soutien aux dictateurs et de pillage systématique des ressources africaines. De tous, Poutine semble être le plus redoutable adversaire de la françafrique.
Et ce n’est pas un hasard quand Paris parle de « coup d’Etat dans le coup d’Etat », de « junte militaire malienne » plutôt que «autorités de la transition », etc. Les mots ne sont pas neutres. Les mots servent à faire la guerre. Le choix délibéré d’utiliser ces termes offensants et condescendants participe de la diabolisation des dirigeants nationalistes du tiers-monde. C’est une technique bien rodée qui a connu ses heures de gloire en Françafrique. D’abord la guerre des mots pour diaboliser. Ensuite, le vote d’une résolution du Conseil de sécurité des Nations-Unies pour rendre l’agression légale.
Fort heureusement, la France et ses alliées se sont heurtées aux vétos russes et chinois. Les accords occultes pour balkaniser ou opprimer les Africains seraient-ils en train de voler aux éclats ? Le monde, dans sa quête d’équilibre et de paix, s’abstiendra-t-il de toute complicité injuste ? Une partie des puissances ne saurait couvrir ad vitam la gloutonnerie et le parasitisme français dans plusieurs continents.
Ce qui se produit au Mali, Burkina, Guinée Conakry n’est pas banal. C’est le syndrome de l’arroseur arrosé. En effet, pour une France experte en coups d’état dans ses ex-colonies, la claque peut être traumatisante.
Curieuse retournement des choses que ces coups d’Etat qui échappent totalement à son contrôle. Des coups d’états militaires acceptés et défendus par des peuples dont l’espoir est de sortir de la domination française.
Les fantômes de Modibo, Boganda, Sekou Touré et Sankara
Touadéra, Goïta, Doumbia et Damiba ont ouvert le pré-carré français à d’autres partenaires. C’est un important flanc de la charte de l’impérialiste qui est ainsi sabordé ! Ce coup de pied dans la fourmilière s’est accompagné de la grippe du système onusien. La chine et la Russie refusant désormais de signer des chèques sans provisions aux Français.
Quant à la démocrature de la Baule, elle est gagnée par la peur. Les colons noirs, adeptes des coups d’Etat constitutionnels pour les 3eme et 4eme mandats se demandent : « A qui le tour ? »
Quand on regarde de plus près les pays en première ligne de cette bataille, une curiosité saute aux yeux ! Que voit-on ? Les pays des martyrs ! Ces patriotes jadis arrachés à l’affection de leurs peuples : Barthelemy Boganda du Centrafrique, Modibo Kéita du Mali, Sékou Touré de la Guinée et Thomas Sankara du Burkina-Faso.
Les fantômes des ancêtres angélisés, planent sans répit sur leurs pays.
L’agonie des chaines ?
L’agonie de la bête, à travers des gémissements injurieux sans cesse proférer à l’égard des leaders patriotes actuels, est un dernier supplice. Tant de sang versé de plusieurs martyrs crie vengeance contre elle.
Ce n’est peut-être pas encore la fin de l’impérialisme français, mais il aurait pris un coup d’assommoir dans ces pays de célèbres panafricanistes. L’Afrique doit s’unir à la mémoire de ses martyrs pour achever l’ogre impérialiste français.
«Ils croyaient aux chaînes qui étranglent l’espoir
Au regard qu’on éteint sous l’éternelle sueur
Pourtant c’est le soleil qui jaillit de nos voix
Et des savanes aux jungles
Nos mains crispées dans l’étreinte du combat
Montrent à ceux qui pleurent des éclats d’avenir
Dimbokro Poulo Condor
Entendez-vous bruire la sève souterraine
C’est la chanson des morts
La chanson qui nous porte aux jardins de la vie. » .
écrivait le poète David Diop
Sur n’importe quel marché, c’est vers le plus offrant que s’effectue le trafic. Nous le savons. Dans les rivalités qui opposent la France à la Russie ou à la Chine, une musique est devenue dissonante et redondante. Les Chinois et les Russes seraient en Afrique pour piller nos ressources. Commettre des exactions et violer les droits humains, etc. Peut-on raconter le rêve de son voisin à sa place? Que faisait donc la France avec la françafrique ?
Pour les panafricains, la coopération militaire russe s’est montrée efficace à bien des égards. Elle a pour a permis d’arrêter les dispositifs terroristes mis en place par la françafrique.
C’est ce que veulent les peuples africains. La sécurité. Elle est au-dessus du plus petit besoin humain : le comportement alimentaire. Personne n’est attiré par une table garnie quand on court un risque mortel. L’illusoire développement chanté par la France depuis des siècles n’est toujours pas d’actualité. Et sans sécurité, quel développement peut être possible ?